MotoGP Qatar
09 mars 2008

Stoner domine, les recrues impressionnent!
Le champion du monde en titre Casey Stoner remporte facilement la première manche du championnat, disputée en nocturne, et démontre qu'il faudra, cette année encore, compter avec lui et sa Ducati GP8.

Ceux qui doutaient de la forme du binôme italo/australien, à la suite de la chute de Stoner en fin de saison dernière, et de ses essais d'avant-saison moyens — pour un champion du monde, il va sans dire — devront revoir leurs pronostics à la hausse. Stoner est non seulement en forme, mais il aussi mordant et fin tacticien que sa Desmosedici est véloce.

La grille de départ de cette course inaugurale de la saison 2008 avait de quoi surprendre. Trois Yamaha en tête, toutes chaussées en Michelin, devant la Ducati ornée de la plaque no 1 équipée de Bridgestone, il est vrai qu'il ne s'agit pas là d'une situation courante. Et les premiers tours menés à train d'enfer ont pu un instant laisser croire aux spectateurs qu'ils assistaient à un changement de la garde. «On se serait cru en GP125 tellement l'action était intense en début de course, déclara Stoner en entrevue d'après course. Les carénages se frottaient, les pilotes attaquaient à fond. C'était fantastique! J'ai essayé de rester un peu à l'écart. Ensuite j'ai attendu que mes pneus soient vraiment à température pour rouler à mon rythme. Ce n'était pas une course facile et Lorenzo a vraiment très bien roulé.»

Parti de la 8e position, c'est l'Espagnol Dani Pedrosa sur sa Honda RCV qui a mis le feu aux poudres en prenant un départ canon. À l'entrée du premier virage, il comptait une bonne avance sur les deux pilotes Yamaha Tech 3, Toseland et Edwards, suivis de Lorenzo, Rossi, Stoner et Dovizioso. Pendant les trois premiers tours, ce petit groupe de six pilotes s’est livré une lutte d'anthologie, collés les uns aux autres, se dépassant à qui mieux-mieux. Puis, à la fin du quatrième tour, Rossi prenait les choses en main et s'emparait de la position de tête. Derrière, Lorenzo et Stoner se suivaient comme deux frères siamois.

Mais le septuple champion du monde ne parvenait pas à creuser l'écart sur ses poursuivants et, au huitième tour, il cédait aux attaques répétées de Stoner, puis de son coéquipier Lorenzo. «Après 5 ou 6 tours, je tournais en 1'56,4, mais, par la suite, je n'ai pas pu augmenter la cadence, reconnaissait l'Italien. J'étais très fort au freinage, mais j'éprouvais de la difficulté en virage. Je sais que nous pouvons tirer un meilleur parti de nos Bridgestone. Ce sont des pneus gagnants, comme le prouve le résultat de ce soir. J'ai été rapide sur tous les circuits durant l'intersaison. Losail est la seule piste où j'éprouve de la difficulté.»

À partir de cet instant, nous avons eu droit à une leçon de pilotage de la part de Stoner, qui résista aux attaques de l'Espagnol de l'équipe Yamaha/Fiat. À mi-course, il commença à creuser l'écart sur Lorenzo, pour finalement franchir la ligne d'arrivée avec un écart de plus de 5 secondes sur ce dernier. Au 14e tour, il s'offrait même le luxe de réaliser un nouveau record de piste, avec un temps de 1'55.927.

Même s'il n'a pas pu renouveler l'exploit de Max Biaggi en 1996, à Suzuka, et remporter son premier Grand Prix dans la catégorie reine, Jorge Lorenzo a cependant réalisé une superbe performance. Rapide, régulier et ne faisant preuve d'aucun complexe, le double champion du monde 250 a impressionné. «Je ne pouvais pas espérer un meilleur début de saison. Je suis très heureux et je jubilais sur le podium. Deuxième ici, c'est un excellent résultat. Le départ et les premiers tours étaient un peu fous, effrayants même, mais j'ai réussi à surmonter mon appréhension au fur et à mesure que je dépassais les pilotes en avant de moi. J'ai réussi à suivre Stoner un bout de temps durant son échappée, mais j'ai commencé à ressentir de la pression et des douleurs dans mes avants-bras et je n'ai pas pu lui tenir tête. Il était trop rapide aujourd'hui, de toute façon.» Il faudra néanmoins compter sur l'Espagnol lors du prochain GP qui se déroulera à Jerez, dans trois semaines, sur ses terres et devant ses partisans.

Pendant ce temps, Pedrosa parvenait également à doubler Rossi et à se tenir à faible distance du duo de tête. Jamais menacé jusqu'à la fin de la course, mais jamais en mesure de revenir sur les meneurs non plus, il parvint à conserver sa troisième position jusqu'à l'arrivée, avec un retard de 10 secondes sur le vainqueur.

Dans les derniers tours, andrea Dovizioso (4) mène devant Valentino Rossi (46 et James Toseland (52).

Quant à Rossi, il dut faire face aux assauts répétés de son jeune compatriote Andrea Dovizioso, sur une Honda satellite, pendant les cinq derniers tours de l'épreuve. Après plus de cinq changements de position entre les deux Italiens, Dovizioso finit par avoir le meilleur dans le dernier tour pour mériter la quatrième place. Rossi finit cinquième, suivi des deux pilotes Tech 3, Toseland et Edwards qui ont mené une superbe course compte tenu de l'écart de performance entre leur M1 semi-officielles et les motos d'usine. La performance des deux «Yamaha Boys» devrait leur permettre d'avoir accès au même moteur que Rossi et Lorenzo d'ici le prochain GP.

Loris Capirossi (Suzuki Rizla), Randy De Puniet (Honda LCR) et Nicky Hayden (Honda HRC) complètent les 10 premières positions au classement.

En dehors du caractère historique de cette épreuve disputée de nuit, pour la première fois en Grand Prix, on retiendra la belle prestation de Casey Stoner et de sa Ducati, mais surtout, la formidable performance des recrues. On compte en effet trois nouveaux venus parmi les six premiers au classement: Jorge Lorenzo (2e), Andrea Dovizioso (4e) et James Toseland (6e). Si on ne peut pas encore parler d'un changement de dynastie — les animateurs des dernières saisons étant toujours aux avant-postes —, on peut à tout le moins noter une montée en puissance des jeunes qui ne souffrent nullement d'un complexe d'infériorité vis-à-vis de leurs aînés.