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ESSAIS   FICHE TECHNIQUE

Essai MV Agusta Brutale 1090 RR 2012
21 juin 2012

Un roadster nommé désir
Version haut de gamme de la Brutale 1090 de base, la RR affiche sans complexes son arsenal technologique digne d'une pistarde de pointe. Affûtée, suréquipée et sublimement belle, la RR se montre éminemment désirable. Et à un prix presque raisonnable en la circonstance...

Texte: Costa Mouzouris— Photos: Didier Constant
 
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INFORMATIONS GÉNÉRALES
  • Poids à sec: 183 kg
  • Hauteur de selle : 830 mm
  • Capacité essence : 23 L
  • Consommation : 6,8 L/100 km
  • Autonomie : 337 km
  • Prix : 19 995$

MOTEUR

  • Moteur : quatre cylindres en ligne, DACT, 16 soupapes radiales, refroidi au liquide
  • Puissance : 156 ch à 11 900 tr/min
  • Couple : 73,8 lb-pi à 10 100 tr/min
  • Cylindrée : 1078 cc
  • Alésage x course : 79 x 55 mm
  • Rapport volumétrique: 13:1
  • Alimentation : injection électronique
  • Transmission : six rapports
  • Entraînement : par chaîne

PARTIE-CYCLE

  • Suspension : fourche inversée Marzocchi diam. 50 mm tous réglages déb. 125 mm. Monoamortisseur Sachs progressif tous réglages déb. 120 mm
  • Empattement : 1 438 mm
  • Chasse/Déport : 25 degrés / 103 mm
  • Freins : Brembo Monobloc
    AV 2 disques diam. 320 mm / étriers radiaux 4 pistons - AR disque diam. 210 mm / étrier Nissin 4 pistons.
  • Pneus : Pirelli Diablo Supercorsa
    AV 120/70 ZR 17
    AR 190/55 ZR 17
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Un nom qui fait frémir
Brutale. Le nom fait frémir le béotien de peur et fait baver l'expert d'envie. Rajoutez-y une paire de R et soudainement le second se met à trembler, à trépigner d'impatience à l'idée de chevaucher la bête. Le mythe fait effet avant même de poser ses fesses sur la selle de la MV. Il suffit de démarrer la MV Agusta Brutale 1090 RR pour constater que sa nature infernale n'est pas usurpée. On sent presque l'odeur de soufre nous remonter aux narines. Le double échappement superposé qui sort du côté droit de la moto laisse échapper une sonorité rauque qui devient quasiment démoniaque à mesure que le quatre en ligne grimpe dans les tours. Sur le collecteur, on retrouve une valve à contrôle électronique, située à l'abri des regards indiscrets, qui s'entrouve quand on engage le premier rapport et qui modifie la tonalité de l'échappement. On passe d'un murmure à un grondement râpeux qui souligne le caractère délinquant de la Brutale.

Pourtant, il n'est nullement nécessaire de démarrer la RR pour être intimidé. Son style de roadster extrême est particulièrement menaçant en noir mat et les composants du châssis exposés à la vue dégagent un air de sérieux évident et trahissent son héritage sportif. Le cadre treillis au chrome-molybdène, les platines en alu taillées dans la masse, le bras oscillant en alu, les étriers de freins Brembo monobloc, la fourche inversée Marzocchi de 50 mm ajustable en tous sens, le monoamortisseur Sachs avec son double réglage de compression (lente et rapide), tout dans les équipements de la Brutale RR indique que l'on est en présence d'une sportive en habits de routière. Même la géométrie radicale de la direction (chasse de 25 degrés, déport de 103 mm et empattement de 1 438 mm) tient plus des motos de Supersport que des routières.

Seule la position de conduite s'en éloigne. Elle est en effet relativement droite et détendue. La RR offre même des cale-pieds ajustables en hauteur. Sur notre moto d'essai, ils étaient réglés en position haute, afin de garantir une garde au sol maximale. Quoi qu'il fut possible de les abaisser sans pour autant que la garde au sol ne devienne problématique, même lors de notre prise de contact au circuit de l'Autodrome Saint-Eustache où nous nous sommes rendu pour une séance de photo sportive. Le bout de la pédale de frein et du levier de vitesse sont aussi ajustables afin de conserver un angle d'attaque optimal.

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À l'aise sur les routes secondaires, la MV Agusta Brutale 1090RR est également dans son éléments sur piste où son héritage génétique lui permet de s'exprimer librement.

Un moteur à sensations
Le quatre cylindres en ligne de 1078 cc est le même que celui de la F4, mais il a été adouci afin de produire 156 chevaux, soit 30 de moins que la F4. Il procure un couple important de 73,8 lb-pi. à 10 100 tr/min, quoique l'on ne ressente vraiment un coup de pied au cul qu'à partir de 6 000 tr/min. En raison de son tirage court, le moteur semble néanmoins très solide à bas régime (la couronne compte 43 dents, soit 2 de plus que la F4). Sur l'autoroute, le moteur tourne à environ 4 900 tr/min à 110 km/, en sixième, mais il est relativement doux et ne vibre pas outre mesure. On ressent quelques vibrations dans le guidon tubulaire et dans les repose-pieds, mais rien qui soit exagéré, ni rédhibitoire. Le tirage court affecte aussi la consommation d'essence qui s'établit à 6,8 L/100 km pour une autonomie moyenne de 337 km. La capacité du réservoir est de 23 litres.

La puissance arrive de façon presque abrupte, dès le ralenti, ce qui demande un certain doigté. Excités de la poignée s'abstenir. Pour tirer le plein potentiel de la RR, il faut enrouler du câble, comme disent les Français et rouler en douceur. À moins de vouloir sentir la roue avant se soulever, quel que soit le rapport choisi. Sur les trois premiers rapports, on peut faire un wheelie à l'accélération, sans s'aider de l'embrayage. Mais, aussitôt l'antipatinage réglable en 8 niveaux intervient afin de calmer le jeu.

L'injection fonctionne relativement bien et la réponse à l'accélérateur est bonne, même si le moteur affiche parfois un comportement qui rappelle celui des moteurs alimentés par carburateurs. À froid, l'injection toussote un peu au niveau de l'admission — il le fait à un degré moindre à chaud — sans que cela n'affecte le comportement général de la moto. Mais il est vrai que lorsque l'on dépense près de 20 000$ pour une moto (la Brutale RR se détaille 19 995$), on s'attend à un comportement irréprochable.

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Esthétiquement, la Brule 1090RR est une réussite.

Dompter la bête
Quand j'ai pris possession de notre MV d'essai, les suspensions étaient réglées trop souples. L'assiette était trop ajustée sur l'arrière et le monoamortisseur manquait de détente. C'était confortable en ville, car la RR absorbait les bosses et les nids-de-poule, mais sur route rapide ou sur piste, la conduite s'en ressentait.

J'ai alors augmenté la compression et la détente sur le monoamortisseur et sur la fourche (l'amortissement se règle séparément sur les deux tubes, la compression à gauche et la détente à droite). Après quelques essais, j'ai également augmenté la précontrainte du ressort à l'arrière afin de rehausser l'assise et de basculer l'assiette un peu plus vers l'avant.

Ces modifications ont transformé le comportement de la Brutale qui est devenue une bête de circuit. Sa tenue de route est devenue impériale. Vive et précise, la RR négocie les épingles et les virages rapides avec maestria. La plage de réglages que l'on retrouve sur les suspensions de la MV Agusta lui permet de s'adapter à une foule d'environnements et de pouvoir se transformer en pistarde occasionnelle, au besoin. D'autant que les Pirelli Diablo Supercorsa qui l'équipent offrent amplement d'adhérence pour tester ses limites sur piste. De plus, elle dispose d'un amortisseur de direction monté en position centrale qui, en plus d'être du plus bel effet, garantit une stabilité directionnelle à toute épreuve.

Les freins Brembo à l'avant offrent un mordant irréprochable. Dans la phase d'attaque, le freinage est très puissant et il suffit d'une légère pression sur le levier pour freiner fort. Par ailleurs, l'arrière est puissant sans avoir tendance à faire bloquer la roue. Le freinage est assisté par un embrayage antidribble qui évite le sautillement de la roue arrière lors des rétrogradages violents.

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Attention... chaud devant! Et gare aux flammèches.

Exlusivement vôtre!
Bien entendu, tout n'est pas rose pour autant sur la Brutale. Spécialement au niveau de l'électronique, domaine dans lequel les ingénieurs pourraient s'attarder un peu. Naviguer à travers les menus du compteur est ardu et confus (pour ajuster l'antipatinage, par exemple). Rien que la remise à zéro du totalisateur journalier demande plusieurs pressions sur le bouton de réglage. Et on ne retrouve pas d'horloge numérique sur le compteur, bien qu'une fonction de chronométrage (tour par tour) soit offerte. Mais il s'agit là d'inconvénients mineurs en regard du plaisir de conduite élevé qu'offre la belle Italienne.

Si vous décidez d'en acheter une, attendez-vous à devoir répondre aux questions des badauds et des motocyclistes envieux. Autant son allure et sa sonorité intimident, autant son style inimitable attire les regards, quelle que soit la couleur que vous choisirez : noir mat, rouge ou tricolore (bleu, blanc, rouge sur la version America).

La MV Agusta Brutale 1090 RR 2012 vaut-elle les 20 000$ qu'il faut débourser pour en être propriétaires? Disons qu'elle est moins chère que la Ducati Streetfighter S (22 495$), mais plus que l'Aprilia Tuono V4 R (15 695$) ou que la Triumph Speed Triple R (17 499$). En matière de puissance, elle devance la Triumph (133 ch), est à égalité avec la Ducati (155 ch) et s'incline devant l'Aprilia (165 ch). Cependant, la mystique qu'elle dégage est sans commune mesure. MV Agusta, bien qu'étant une petite compagnie, possède un héritage et une histoire très riche, avec près de 35 titres en Grand Prix, toutes catégories confondues. Il s'agit d'une compagnie noble, au sens propre comme au sens figuré (elle a été fondée par le comte Giovanni Agusta) et les meilleurs pilotes de l'histoire (Agostini, Reed, Hailwood, Surtees, pour ne nommer que les plus connus) ont remporté de nombreux titres mondiaux en 500, en 250 et en 125 au guidon de MV. Il y a quelques années, l'avenir de la marque était incertain. Elle a été sauvée de la mort par Harley-Davidson qui l'a rachetée, renflouée et revendue à la famille Castiglioni. Aujourd'hui, sa pérennité semble assurée. Et la Brutale RR, comme les autres MV Agusta, peut enfin tabler sur son principal atout : son exclusivité, synonyme de désirabilité.

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Une fois ses supensions correctement réglées, la Brutale 1090RR est une vraie pistarde.

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