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Comment est assemblée une GSX-R1000

Par Costa Mouzouris — Photos © Suzuki

À la fin du mois de février, j’ai été invité à découvrir l’usine Suzuki, au Japon, dans le cadre du lancement de la nouvelle GSX-R1000R. Suzuki possède en fait six manufactures au Pays du soleil levant. J’ai eu le privilège de visiter le siège social de la compagnie à Takasuka, où l’on réalise les moteurs, l’usine d’assemblage de Toyokawa et la piste d’essai de Ryuyo.

Contrairement à d’autres constructeurs où tout, sauf la fonderie, est fait dans un seul et même endroit, Suzuki possède des usines dédiées à différentes opérations. Les pièces moulées brutes et les pièces forgées arrivent à l’usine de Takasuka où tout l’usinage se fait alors (la peinture des carters est effectuée avant tout usinage). Chaque processus d’usinage est mesuré et vérifié à l’aide d’un appareil de mesure au laser. Une fois complètement usiné, le carter inférieur démarre à une extrémité de la ligne de montage et se déplace lentement le long de la chaîne, jusqu’à ce qu’il soit complété à l’autre extrémité.

Il n’y a pas de robot sur la ligne de montage, et tout est assemblé à la main, bien qu’il existe des machines spécialisées qui exécutent des tâches spécifiques, comme celle qui serre les boulons de culasse aux spécifications. J’ai vu comment les arbres à cames d’une GSX-R1000 cames étaient installés en moins de quatre minutes montre en main. Il faut environ 90 minutes pour assembler un moteur complet. Une fois qu’il est prêt, l’huile est ajoutée et il se dirige vers un banc d’essai où on le fait tourner à environ 1000 tr/min. Cela permet de faire fonctionner tous les composants internes et à l’huile de circuler dans le moteur, tandis que dans le même temps, un ouvrier l’inspecte pour s’assurer qu’il n’y a aucune fuite. Le moteur est ensuite mis dans une caisse spéciale et livré à l’usine de montage localisée à 50 km de là.

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Lors de notre visite, une chaîne assemblait des moteurs de GSX-R1000 et une autre assemblait des moteurs de V-Strom 1000.

À cette occasion, j’ai également pu assister à la fabrication d’un AR600, un bicylindre parallèle de 599 cc refroidi par air et hautement spécialisé alimenté par des carburateurs. Ce moulin qui développe 59 chevaux est associé à une boite à deux vitesses. Il est utilisé uniquement sur des motocyclettes participant à l’Autorace, une forme de compétition sur circuit ovale spécifique au Japon et lors de laquelle les spectateurs placent des paris, comme dans les courses de chevaux. Suzuki fabrique cette curiosité depuis le milieu des années 1990.

L’usine de Toyokawa a été ouverte en 1971 et est la plus ancienne usine de Suzuki qui y fabrique actuellement 47 modèles, de 50 à 1800 cc. Cependant, seulement quelques modèles sont assemblés ici, dont la GSX-R1000, la GSX-S100, la V-Strom 1000, le scooter Burgman, et un scooter de 50 cc. Suzuki y construit également la TS185, une moto à double usage à moteur deux-temps refroidi par air que nous avons vue pour la dernière fois au Canada dans les années 1980. Il est encore vendu en Afrique du Sud et une poignée d’autres pays qui ont des normes d’émissions laxistes. En outre, Suzuki fabrique également son plus gros moteur  à Toyokawa. Il s’agit d’un V6 de 4,4 litres qui crache 300 CV. Étonnamment, il n’est pas construit pour une voiture, mais pour un hors-bord.

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Assembler une moto de série sur une chaîne de montage est une chose curieuse. La première étape consiste à descendre le moteur sur le collecteur d’échappement. Le cadre est ensuite abaissé sur cet ensemble. Au fur et à mesure qu’elle avance sur la chaîne, la machine reçoit des composants divers comme l’ensemble bras oscillant avec la roue arrière et le frein arrière déjà installés. Le tout avance le long de la ligne d’assemblage de 80 mètres de long. Au bout de 90 minutes, la moto est complète, à l’exception du pare-brise et des rétroviseurs qui seront insérés séparément dans la caisse d’expédition et installés chez le concessionnaire, lors de la livraison au client. Ceci les empêche d’être endommagés lors du transport. En dépit de toute l’activité qui s’y déroule, l’usine est étonnamment tranquille et aucun des travailleurs ne porte de casque antibruit. L’outillage, en grande partie activé à l’air comprimé, est silencieux, la plupart du temps.

Peu de temps après que la moto sorte de la chaîne de montage, un ouvrier verse du carburant dans le réservoir, branche une batterie accrochée sur le côté de la moto à l’aide de câbles. La moto est alors installée sur un tapis roulant. Là, un autre travailleur s’assoit sur la machine et la démarre pour la toute première fois. Il passe les rapports les uns après les autres et teste l’ABS. Une fois que la moto a reçu l’approbation appropriée du contremaître, elle est déplacée vers la zone d’inspection finale. La petite quantité de carburant à l’intérieur du réservoir est siphonnée pour le transport et la moto subit une dernière inspection visuelle sous une lumière fluorescente lors de laquelle la peinture est examinée minutieusement. Elle est ensuite transférée vers une autre partie de l’usine où elle est mise dans une caisse et expédiée vers les différents marchés. Les motos assemblées sous nos yeux sont destinées à l’Europe.

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Si vous avez commandé une nouvelle Suzuki GSX-R1000, elle est probablement en cours d’assemblage à l’heure où vous lisez ceci.

Assemblage d’une Suzuki GSX-R1000

3 réponses à “Visite de l’usine Suzuki”

  1. Olivier

    Passionnant. Je me suis régalé à lire ton article. La seule frustration c’est de ne pas l’avoir vu en vrai.

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  2. Mario

    Super ton article Costa!

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  3. Philip Rochette

    Un beau reportage qui montre la rigueur japonaise qui ne date pas d’aujourd’hui. Un bonjour de France.

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