« Essais à long terme

À la poursuite de l’Été indien

Photos © Didier Constant/PPI 

Mon ami Claude et moi roulons en parfait synchronisme sur la 125 Nord en direction de Notre-Dame-de-la-Merci. Même cadence, mêmes trajectoires, même plaisir ! On dirait un ballet mécanique à la chorégraphie envoutante. Je suis subjugué par la magnificence du panorama. C’est la mi-octobre et les couleurs sont à leur apothéose. Le paysage revêt une teinte chaude dans laquelle le jaune et l’orange dominent le vert habituellement omniprésent dans le Nord. Ces couleurs sont sublimées par un léger contrejour qui leur donne un aspect fluorescent. C’est magique ! Un vrai tableau impressionniste !

Chaque fois que nous succombons à la magie du spectacle et que nous arrêtons pour faire des photos, le soleil profite d’un nuage ou d’un sommet pour jouer à cache-cache et nous faire languir de son retour. Parfois, son absence ne dure que quelques secondes, mais il lui arrive de s’esquiver pendant de longues minutes, à notre grand désespoir.

Nous sommes seuls sur la route. Pas une auto, pas une moto ne vient troubler cet instant de bonheur. Nous pouvons même photographier nos motos tranquillement sur le bord de la route sans risquer de nous faire écraser. Il faut dire que c’est le milieu de semaine et que les badauds ont autre chose à faire que de flâner en observant la nature au guidon de machines de rêve.

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Cependant, cette balade automnale marque la fin imminente de mon aventure avec la BMW S1000XR que j’ai eue en essai toute la saison. Une moto que j’ai aimée d’emblée et qui m’a convaincu au fil des kilomètres. Comme tous ceux qui l’ont essayée d’ailleurs. Il faut dire que la S1000XR est une moto superlative. Elle parvient à combiner plusieurs aspects antinomiques, comme la sportivité et le confort, la sophistication et l’aventure, la simplicité des plaisirs et la technologie de pointe. Même son arsenal électronique pourtant exhaustif parvient à se faire oublier après un moment. Malgré mes réticences naturelles envers ces béquilles technologiques, j’adore ses suspensions ESA II, son shifter bidirectionnel, son ABS sophistiqué, mais transparent, son régulateur de vitesse. Sans oublier ses accessoires pratiques, surtout quand on voyage : sacoches latérales, prise accessoire 12 volts, protège-mains, poignées chauffantes, béquille centrale, support de GPS. Et que dire des excellents pneus Pirelli Diablo Rosso II qui permettent de rouler à un rythme très sportif sur les routes secondaires.

Pour renforcer son caractère d’exploratrice, j’ai ajouté un sac de réservoir Givi Tanklock, un sac polochon étanche BMW Motorrad, un support RAM Mounts pour mes accessoires électroniques (téléphone, caméras Go Pro et Sena) ainsi qu’une prise USB double pour les recharger en roulant. Sans oublier un GPS BMW Navigator V et un système de communication Sena 10S installé sur mon Shoei RF-1200.

Ainsi équipée, la S1000XR est presque complète. Il ne lui manque que des rehausseurs pour rapprocher le guidon du pilote, une selle plus confortable et un pot Akrapovic qui chante bien pour frôler la perfection.

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Même si je n’ai pas passé autant de temps à son guidon que je l’aurais voulu (4 000 km) — j’ai essayé une bonne dizaine de motos cet été et le temps n’est pas extensible — chaque sortie a été mémorable, soulignant chaque fois l’excellence de cette aventurière sportive. En fait, je n’ai pas grand-chose à lui reprocher si ce ne sont quelques vibrations à mi-régime (personnellement, elles ne me dérangent pas trop et contribuent même au caractère de la XR) et une bulle de carénage perfectible. La selle creusée procure une bonne assise, mais sa forme et et sa découpe limitent les changements de position du pilote et ne favorisent pas les déhanchements.

Lors de ma première prise de contact avec la S1000XR, j’avais émis quelques doutes sur le sort qu’elle réserverait éventuellement à son passager. Curieusement, ma femme qui m’a accompagné lors de plusieurs escapades dominicales a trouvé le confort de la BMW tout à fait honorable, même lors de longs trajets. Elle a aimé la position de conduite, particulièrement à un rythme sportif et s’est sentie en parfait contrôle.

En me remémorant mes balades avec la BMW, je réalise à quel point la saison a filé à une allure incroyable. Au début de l’été, j’avais planifié un long voyage à moto dans le sud des États-Unis, en Californie ou en Arizona, mais plusieurs reportages en France m’ont empêché de le faire, faute de temps et d’argent. Je voulais également essayer la XR sur piste, mais là encore, les impératifs du calendrier ont rendu le projet impossible à réaliser. Depuis quelques années, de moins en moins de trackdays sont organisés en semaine. Et comme je ne travaille pas le weekend pour me consacrer à ma famille, il devient pour moi compliqué de rouler sur piste au Québec.

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Heureusement, j’ai eu le bonheur d’effectuer plusieurs sorties dans la Belle Province, dont une balade mémorable de près de 1 200 km en 48 heures, à Tadoussac, à la fin du mois d’août et deux ou trois escapades de 500 à 600 km, dans Lanaudière et en Outaouais. Certaines en solo, d’autres en duo. À quelques occasions, j’étais même accompagné par d’autres motos d’exception (BMW R1200 GSA, KTM SuperDuke GT, Honda Crosstourer, Suzuki GSX-S1000F, Yamaha FJR1300), ce qui m’a permis de comparer la S1000XR à certaines de ses compétitrices, un exercice qui permet de mettre ses atouts en exergue.

Car la BMW est une moto qui n’a rien à craindre de la concurrence, pas même de la part de la Ducati Multistrada à laquelle les experts l’opposent fréquemment. Affirmer qu’elle est meilleure que l’Italienne serait hasardeux en l’absence d’un affrontement direct entre les deux belligérantes, mais, si je me réfère à mes souvenirs, l’écart entre elles est mince. L’issue d’un tel duel se jouerait assurément sur les détails,

Au retour de St-Donat, j’ai laissé Claude conduire la S1000XR pendant une centaine de kilomètres. Et, comme chaque fois, la magie a opéré. Il était impressionné par la Honda VFR1200X qu’il découvrait, il a été subjugué par la BMW. L’hiver va être long pour lui et il n’a pas fini de se demander quelle moto il conduira l’an prochain.

Quant à moi, je dois me résoudre, à contrecœur, à rapporter la XR lundi, chez BMW. En attendant, il me reste deux belles journées à mettre à profit. En effet, Environnement Canada prédit du beau temps pour dimanche et lundi. Pas chaud — j’ai ma veste électrique si le thermomètre descend trop bas —, mais très ensoleillé. Un petit périple de deux jours s’impose. Pour prolonger le plaisir et finir la saison en beauté.

Galerie

STATISTIQUES

  • Kilométrage total : 4 010 km
  • Distance parcourue depuis notre dernière sortie : 463 km
  • Consommation moyenne : 6,3 L/100 km
  • Autonomie : environ 320 km

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L’avis des essayeurs invités

« Ma première impression en chevauchant la Bête c’est qu’elle est impressionnante. Sans pour autant être intimidante, en dépit de son gabarit et de sa panoplie d’aides au pilotage. Aussitôt en mouvement, on oublie ses mensurations et on est séduit par ses performances et sa docilité (étonnant de dire ça à propos d’une moto de 160 chevaux). Ses airs d’aventurière ne laissent pas présager d’un tel caractère. Comment ne pas prendre plaisir à passer les vitesses sans embrayage ? Comment ne pas se délecter de la musique de l’échappement qui pétarade en rétrogradant ? Ne vous laissez pas berner par son air un peu hautain, cette moto est une sportive extrêmement performante qui possède tous les outils pour vous accompagner dans vos aventures routières en vous permettant de moduler le tout selon votre humeur. En tout confort. Il reste juste à convaincre votre ado intérieur que vous n’avez que 15 points à votre permis de conduire et à persuader votre gérant de caisse que la Bête est nécessaire à votre équilibre mental. Bonne chance, mais surtout bonne route ! »

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— Claude Privée


« Juste un mot ; je l’adore!  Je me vois déjà partir à son guidon sur de longues escapades sportives.  Je commence mon essai sur le mode Dynamic Pro, le plus affûté. Croyez moi, il faut absolument rester sur ce mode tellement il est enivrant. En roulant à un rythme sportif, je ne peux qu’apprécier le potentiel incroyable de cette moto. Les suspensions électroniques travaillent à merveille, même sur l’angle, sur revêtement bosselé. C’est tout simplement magique ! Bonne protection, ergonomie parfaite, freins surpuissants et modulables, moteur qui tire fort dès les mi-régimes, Shifter Pro bluffant ! Tout ça avec une agilité surprenante pour une moto de 228 kg (tous pleins faits) !

Bon, ce n’est pas tout, mais il faut que je vous laisse. Je cours m’acheter un billet de loterie… J’en veux une ! Tout de suite ! »

Le début d'une idylle?

Le début d’une idylle?

— Alain Paquin


« La S1000XR a les pouvoirs requis pour faire partie de l’écurie des superhéros de Marvel Comics ! Elle allie puissance, force et agilité. Elle peut même sauver la peau des fesses de son pilote quand ce dernier surestime son propre talent ; elle a alors recours à toutes ses fonctions électroniques pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de drame. Son cavalier s’apercevant à peine de tout le travail qu’elle a effectué.

Comme pour les superhéros, son look peut l’exposer à des commentaires peu flatteurs, mais la beauté est dans l’œil de celui qui regarde paraît-il !

La XR est l’archétype de la super moto moderne. Un genre qui a pratiquement signé l’arrêt de mort des GT. Ses suspensions très efficaces et sa position de conduite confortable font en sorte qu’on n’a plus à souffrir pour avoir de la performance et pour rouler sur de longues distances. »

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— Richard Turenne


« Mon expérience avec la XR fut brève et peu concluante. L’ayant conduite brièvement, rien en elle ne m’a impressionné au point de vouloir échanger immédiatement ma BMW R1200 GSA. Dans un univers aux routes lisses et sinueuses, sans limites de vitesse, la XR excellerait probablement mieux que toute autre sportive touristique. En revanche, au quotidien, ses suspensions trop fermes pour la plupart des routes de l’Amérique du Nord ainsi que la position contraignante du siège me font douter de ses capacités pour les voyages au long cours. Ceci étant dit, tel un amant fidèle, quand on possède déjà la meilleure moto au monde, les autres n’ont aucune chance… »

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— Dave Beaudoin