« Essais à long terme

Folie passagere

Image idyllique d’un couple roulant en duo sur un BMW C600 Sport

1er août — 10 km 

Je déteste être assis sur la selle arrière d’un deux roues motorisé quand ce n’est pas moi qui conduit. La dernière fois que ça m’est arrivé, j’étais encore un spermatozoïde plein de vigueur. J’ai tellement été secoué que j’en garde encore des séquelles aujourd’hui.

Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que ce matin, le Boss m’a demandé de l’accompagner afin de rapporter une moto et, dans sa grande mansuétude, il m’a offert de me ramener en scooter. J’aurais dû me méfier avant de dire oui, car j’ai roulé assez souvent avec lui en Europe pour savoir que c’est un Mongol dans le trafic (selon nos standards québécois, car selon les standards français, il est tout à fait dans la norme).

Toujours est-il qu’on n’avait pas parcouru un kilomètre qu’on avait accumulé assez d’infractions pour remplir un carnet complet; dépassement par l’accotement, non-respect d’un stop, remontée de file au feu et j’en passe. Et, comme si ça n’était pas suffisant, nous avons fait l’extérieur aux voitures dans la bretelle d’accès de l’autoroute, tout en faisant frotter la béquille centrale au passage.

Je regrettais déjà d’avoir accepté sa proposition et j’avais hâte que ça s’arrête, ou, à tout le moins, d’arriver sur l’autoroute où je pensais avoir un peu de répit. Erreur! En s’engageant sur l’autoroute, le Boss passa entre les voitures dans les trois voies et finit par dépasser une voiture par l’accotement de gauche. À sa défense, je reconnais que trop de gens roulent comme des limaces dans la voie de gauche qui est en principe réservée aux dépassements. J’avoue que j’aurais sûrement fait la même chose, mais pas avec un passager. «Si ça passe pour moi, ça passe pour toi! Ferme les yeux et relaxe!» me dit-il en roulant entre les files, comme si je me plaignais pour rien.

Loin de baisser le rythme, il accélérait sans cesse se faufilant entre les voitures (avec une certaine maestria, je dois bien le reconnaitre). Pendant un court instant, je me suis demandé si prier serait utile, mais je me suis aussitôt dit : «Bah, à la vitesse que l’on va, tes prières n’auront pas le temps de se rendre de toute façon.»

Je me suis donc cramponné aux poignées pour le passager (elles sont larges et tombent parfaitement sous les mains, une chance) et laissez-moi vous dire quelles sont très solides. Je les tenais fermement, surtout quand il freinait avec force (pour ne pas tirer tout droit au feu, entre autres). Les repose-pieds sont bien positionnés, sauf que mes pieds n’y ont presque jamais touché durant le trajet. En fait, comme il gardait le gaz à fond, les pieds levaient dans les airs et je basculais vers l’arrière à chaque accélération. Je serrais donc la carrosserie avec mes mollets, en continuant de prier (je sais, ça ne sert à rien), car à chaque bosse, mon fessier quittait momentanément la selle. Malgré cela, j’ai pu constater qu’elle était moelleuse et accueillante, en plus d’être chauffante. D’ailleurs, à un moment, j’ai cru qu’elle était allumée, mais c’était une fausse impression. J’avais seulement chaud aux fesses parce qu’on passait entre les voitures à plus de 150km/h.

«Et lui? Comment se sentait-il?» me demanderez-vous? Lui? Ça allait parfaitement. Il était détendu, concentré sur sa conduite. Pas de panique. «Business as usual!» Nous arrivâmes enfin en ville. Il ne restait que deux kilomètres à parcourir et, comme c’est les vacances de la construction, la circulation était fluide. Heureusement pour moi, sinon on aurait roulé sur le trottoir pour éviter les embouteillages. Je sais de quoi je parle, il m’a déjà fait le coup il y a quelques années. Mais cette fois-là, je le suivais, sur ma propre moto, et j’ai fait la même chose… «À Rome, fais comme les Romains!» Ouf! Mon calvaire prenait fin. J’étais encore terrorisé par ma «balade» en scooter, comme passager. Ce fut court (à la vitesse qu’on roulait, ça ne pouvait pas faire autrement), mais j’ai pu constater que le C600 Sport était bien adapté au duo. La position est bonne et confortable, en plus la selle est chauffante, ce qui est parfait pour les journées froides. En revanche, pour apprécier l’expérience, je vous conseillerais de choisir un pilote moins «intense», à moins que vous aimiez les sensations fortes. Et si vous croisez mon Boss, je ne vous ai rien dit!
Texte : Patrick Laurin — Photo : BMW