« Essais à long terme

Les sceptiques seront confondus!

3 août — 200 km (sur un parcours de 600 km)

Freiner fort tout en rétrogradant d’un ou deux rapports, enfiler une série de virages serrés, puis accélérer graduellement à la sortie de la dernière courbe avant d’ouvrir les gaz à fond et de passer les derniers rapports avec frénésie… Cette sensation d’être en contrôle, de gérer son doigté pour arriver à perfectionner sa conduite, constitue l’une des facettes du plaisir de la moto pour certains d’entre nous.

Ainsi, aujourd’hui, si on m’offrait une moto dotée d’une transmission automatique en cadeau, je dois avouer que j’hésiterais tout de même un petit moment avant d’accepter. Alors qu’on nous inonde de gadgets électroniques qui nous distancent toujours un peu plus de la conduite à son état pur, une chose sur laquelle le contrôle est primordial selon moi, et la dernière sur laquelle je ferais un compromis, est la transmission. Je fus donc relativement soulagé de constater que j’étais toujours sain d’esprit après quelques kilomètres au guidon de la VFR1200 DCT de Honda, car comme dit le dicton, « Seuls les fous ne changent pas d’avis »

Lors d’une balade organisée par un beau vendredi ensoleillé, nous avions chacun une monture différente avec laquelle nous devions prendre contact. Ayant quand même du respect pour les ainés, j’ai laissé Tonton Didier et Tonton Richard se la couler douce toute la matinée aux commandes du V4 au siège moelleux. Pendant ce temps-là, le ministère des Transports du Québec m’offrait gracieusement un massage du popotin et des lombaires, en partenariat avec les suspensions plus fermes des roadsters et sportives qui nous accompagnaient lors de ce périple et sur lesquelles j’ai attendu patiemment mon tour, malgré mon envie dévorante de voir ce qui se cachait sous cette robe «Bleu Candy».

Mon contact avec la VFR, qui se limita donc au retour par l’autoroute, en fin de journée, fut néanmoins supérieur à mes attentes. Alors que j’anticipais avec appréhension le maniement de la transmission automatique, elle a su se faire oublier instantanément, dès les premiers tours de roue. Après quelques kilomètres, je décrirais l’expérience comme étant similaire à la première vitesse d’une pure sportive de grosse cylindrée. Sauf que dans ce cas-ci, la première n’a pas de limite: ça pousse fort, et avant même de s’en rendre compte, on perd son permis et la moto est remorquée… si on a eu la malchance de s’être fait pincer pendant ces quelques secondes de plaisir coupable. Peu importe le degré d’ouverture des gaz, les rapports se succèdent avec douceur. Il est cependant possible de passer à un rapport supérieur ou inférieur manuellement quand on le juge nécessaire. Ceci m’est arrivé très rarement en mode “D”, le mode “S” étant plus réactif, mais également moins adapté à la conduite sur autoroute.

En dehors de la puissance disponible qui est largement suffisante pour les routes de l’Amérique du Nord, toutes les qualités d’une moto prête à avaler les kilomètres sans retenue sont présentes. La suspension et les freins effectuent très bien leur travail et la bulle accessoire Kappa ne génère pas trop de turbulences; ceci variant bien sûr selon le gabarit du pilote. La seule ombre au tableau est la position inutilement basse des bracelets, ce qui pourrait causer un certain inconfort lors des longs trajets, auquel un voyageur avide sera invariablement confronté.

Mon seul regret fut de ne pas avoir profité d’une de nos pauses pour échanger de monture avec le chum du moment de la Dame en bleu, question qu’elle me fasse succomber au plaisir des courbes. Une prochaine fois, s’il vous plaît?
— Dave Beaudoin / Photo © Didier Constant 2012