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Coups de cœur et coups de gueule

Photos © Didier Constant, Patrick Beaudry, Pierre Desilets, Patric Laurin, DR

Commençons donc par mes coups de cœur de l’année, par ordre de préférence :

  1. Le titre de Fabio Quartararo en MotoGP (photo d’ouverture), le premier de l’histoire pour un Français (cocorico !). Un titre remporté avec l’art et la manière, mais aussi avec une maturité qui fait plaisir à voir pour un pilote de 22 ans. J’ai toujours été un ardent supporter de Fabio, depuis ses débuts en Moto3 et j’ai toujours cru en son potentiel, même dans les moments difficiles. Néanmoins, je ne le voyais pas remporter le titre suprême, en tout cas, pas aussi tôt dans sa carrière. Bravo Fabio !
  2. Chapeau à Suzuki pour avoir osé ressusciter l’Hayabusa à un moment où vitesse et puissance ne sont plus des valeurs porteuses dans la société actuelle et où les sportives disparaissent à la vitesse grand V. Comme les dinosaures à une autre époque. Un beau pied de nez à la bien-pensance et à la rectitude politique.
    Suzuki Hayabusa

    Suzuki Hayabusa

  3. Durant cette saison, j’ai eu l’occasion d’essayer une belle palette de motos de moyenne cylindrée, particulièrement des roadsters. J’ai été emballé par l’Aprilia Tuono 660, qui est une de mes motos préférées de l’année, en compagnie de la Yamaha MT-07. Deux machines qui démontrent qu’il n’est nul besoin d’avoir un monstre de plus de 150 chevaux pour se faire plaisir.
  4. Un énorme bravo également à la Yamaha Tracer 9 GT qui est désormais aboutie et constitue la meilleure moto de sa catégorie. Une excellente monture pour voyager loin et vite, avec armes et bagages. Une routière sportive équilibrée et un brin délinquante, comme je les aime, en quelque sorte. Dommage qu’elle ait subi une forte inflation.
  5. Chez BMW, j’ai adoré la S 1000 R, particulièrement sur piste. Face à ses concurrentes directes (Aprilia Tuono V4, Ducati Streetfighter V4, Honda CB1000R, Kawasaki Z H2, KTM 1290 SuperDuke R, Triumph Speed Triple 1200 RS), elle se tire bien d’affaire et constitue un des meilleurs roadsters extrêmes du marché. J’approuve !
    KTM 890 Adventure

    KTM 890 Adventure

  6. KTM continue de m’épater avec sa plateforme 890. J’ai adoré la KTM 890 Duke, sur route comme sur piste, mais aussi les 890 Adventure, des machines qui me réconcilient avec les aventurières extrêmes.
  7. Toujours chez Suzuki, j’ai été agréablement surpris par la V-Strom 1050 XA Adventure, une des grosses aventurières qui m’ont séduit cette saison, juste derrière l’indéboulonnable BMW R 1250 GS, la sublime Ducati Multistrada V4S et la surprenante Harley-Davidson Pan America 1250 S. Une grosse amélioration par rapport à l’ancienne DL1000.
  8. En tant qu’amateur d’équipement, je me félicite de la maturation du créneau des motos d’aventure, surtout en ce qui a trait à l’équipement : casques hybrides, bottes, vestes, aujourd’hui, le choix est pléthorique et on trouve ce que l’on veut, facilement et à un tarif presque raisonnable.
    Yamaha YZF-R7

    Yamaha YZF-R7

  9. Les sportives de moyenne cylindrées se réinventent comme en témoigne le lancement de la sublime Aprilia RS660 et de l’étonnante Yamaha R7 que j’ai hâte de tester sur piste. L’Aprilia m’a carrément séduite lorsque je l’ai essayée sur le circuit de Montmagny, en banlieue de Québec. Elle milite pour la création d’une classe néo-Supersport. J’ai hâte de voir si Ducati, Honda, Kawasaki, KTM et Suzuki vont réagir et se joindre au bal avec de nouvelles sportives à moteur bicylindre de moins de 700 cc, à court terme.
  10. La renaissance de la catégorie des routières sportives semble s’amorcer avec l’annonce de la sortie de la très attendue Honda NT1100 (elle n’arrivera au Canada qu’en 2023), de la bestiale KTM 1290 Super Duke GT (également prévue en 2023), de l’originale Moto Guzzi V100 Mandello et de la sémillante Suzuki GSX-S1000GT qui viendront se joindre à l’increvable BMW R 1250 RT et aux Kawasaki Ninja 1000SX et Ninja H2 SX/SX SE. J’ai hâte d’essayer ces machines.

Mais qui dit satisfactions, dit également déceptions. Et celles-ci ont été plus nombreuses que ce à quoi je m’attendais. Voici mes coups de gueules pour 2021 :

Col de l'Iseran, Savoie

Col de l’Iseran, Savoie

  1. La fermeture de la frontière américaine et les restrictions de voyager ont limité nos escapades motorisées cette année. Pour la première fois en près de 40 ans, je ne suis pas sorti du pays et ça me manque énormément. Vivement le printemps que j’aille rejoindre mes amis et ma famille et effectuer une virée de plusieurs mois en Europe !
    Yvon Duhamel — 1939/2021

    Yvon Duhamel — 1939/2021

  2. 2021 aura vu partir de nombreuses personnalités ayant marqué ma vie, mais celle qui m’a le plus affecté est la disparition de mon idole et ami Yvon Duhamel, le 17 août dernier, à l’âge de 81 ans. Une légende s’est éteinte. Bonne route Yvon !
  3. On en parlait depuis deux ans déjà, mais la retraite de Valentino Rossi m’a également affecté. Pendant trois décennies, il a incarné l’excellence en Grand Prix, remportant 9 titres de champion du Monde, dont 7 en catégorie reine. Je l’adorais pour son talent et son côté fantasque, mais aussi pour ses excès qui font partie du personnage et de sa légende. On n’est pas près de trouver un pilote aussi charismatique en MotoGP.
  4. La virtualisation de la société rapide et apparemment irréversible, sous la pression de la crise sanitaire, me sidère. Après le télétravail, assisterons-nous à la généralisation du télévoyage et de la téléconduite ? C’est à craindre quand on observe ce qui se passe dans l’industrie de la moto, notamment avec l’explosion de l’électronique.
    aprilia-rsv4-factory_electronique

    Aprilia RSV4 Factory 2021

  5. Puisque l’on parle d’électronique, je me dois de réaffirmer ma défiance vis-à-vis de ces « aides au pilotage » qui sont plus des entraves que des béquilles, selon moi. Cet été, j’ai testé deux motos de luxe bardées d’électronique, dont des radars avant et arrière. Ces derniers sont peut-être efficaces, mais ils sont intrusifs et constituent une gêne au pilotage, si je me fie à mon expérience et à mon appréciation. Je les hais et j’espère que la pénurie mondiale de composants électroniques va marquer leur obsolescence rapide.
  6. L’avènement rapide et forcé de l’électrique est un autre irritant majeur pour moi. Heureusement, à mon âge canonique, je n’aurais sûrement pas à passer du côté sombre de la force (motrice). Si je suis encore vivant à l’approche de la date fatidique de l’interdiction de la vente des motos thermiques neuves, j’achèterai un des derniers modèles légalement en vente pour terminer ma carrière à moto.
  7. Je suis également fatigué de l’hégémonie des aventurières. On ne voit plus qu’elles sur le marché. Heureusement, les routières sportives semblent reprendre du poil de la bête. Mais ce qui me dérange le plus à ce sujet, c’est la prolifération des aventuriers de pacotille qui polluent YouTube avec des vidéos soporifiques. N’est pas aventurier qui veut, encore moins ceux qui ont une équipe digne d’un film hollywoodien autour d’eux pour immortaliser leurs « exploits ».
    Charley Boorman et Ewan McGregor

    Charley Boorman et Ewan McGregor

  8. Le dernier opus d’Ewan McGregor et Charley Boorman « The Long Way Up » est l’exemple parfait du mythe des nouveaux aventuriers médiatiques. J’ai trouvé cette dernière expédition d’un ennui incommensurable et d’une malhonnêteté crasse. Espérons que ce sera la dernière. Ewan et Charley n’ont plus grand-chose à dire sur le sujet.
  9. Les entraves à la conduite d’une moto se multiplient, particulièrement en Europe : interdiction de circuler dans le centre-ville de Paris et de plusieurs grandes villes françaises, création des ZFE (zones à faibles émissions métropolitaines), prolifération des radars de nouvelle génération, obligation des boîtes noires bidirectionnelles sur les véhicules neufs dès 2022 en Europe, interdiction de la circulation hors route en Italie… Toutes ces mesures constituent autant de menaces à notre liberté de circuler. Le plus dangereux c’est que personne ne s’en offusque.
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    Yamaha R6 2017

  10. La mise à la retraite de la Yamaha R6 dans sa version route, me chagrine. La moto qui a dominé la catégorie Supersport pendant près de deux décennies n’est en effet plus produite qu’en version piste sous l’appellation R6 Race. La dernière survivante de cette classe est la Kawasaki ZX-6R que j’ai eu la chance d’essayer l’an dernier. C’est la fin d’une époque.

Espérons que 2022 nous permettra de vivre à nouveau notre passion au maximum. Sans entraves.

3 réponses à “Rétrospective 2021”

  1. Alain Paquin

    Excellent texte…

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  2. Alain Paquin

    « La virtualisation de la société rapide et apparemment irréversible, sous la pression de la crise sanitaire, me sidère. » J’irais juste qu’à dire que ça me fait suffoquer. « Si je suis encore vivant à l’approche de la date fatidique de l’interdiction de la vente des motos thermiques neuves, j’achèterai un des derniers modèles légalement en vente pour terminer ma carrière à moto. ». Tellement…

    Comme toujours, excellent texte.

    Alain

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  3. Robert Langlois

    Eh bien, je constate que j’ai fait un bon choix en devenant proprio d’une Tracer MTT09 ! Mais malgré tout ce qu’elle offre, je demeure fidèle à ma bonne vieille FZ-1. Je suis incapable de la laisser partir dans les bras d’un autre !!

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