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Les p'tits cubes à la conquête du marché !

Photos : Didier Constant, Pierre Desilets, Bikerspix.comPascal Bléjean (Esprit-Racing)

Je ne sais pas si j’ai eu le nez fin ou si c’est le fruit du pur hasard, mais ma décision de préparer deux motos de course sur base de petites cylindrées, une KTM RC390 et une Yamaha YZF-R3, dans le cadre d’un projet spécial de motoplus.ca, était très avisée. Et prise au meilleur moment. C’est ce qu’on appelle « avoir le sens du timing ».

En même temps, je prêche les vertus des petites motos depuis des lustres. En France, je possède deux motos. Ma fidèle Suzuki Inazuma 750 qui m’accompagne dans toutes mes pérégrinations européennes, mais aussi une Honda CB125N 1987 Challenge Replica avec laquelle je prends part à des journées de roulage avec les potes de mon association, Les Amis du Challenge Honda 125. Malgré ses maigres 14 chevaux (parfois moins selon les circonstances), pour un poids tous pleins faits de 105 kg — on est loin du rapport poids-puissance idéalisé de 1/1 —, ma vénérable CB125N est non seulement un charme à conduire, mais un formidable outil pour apprendre à piloter, particulièrement sur circuit. Avec elle, je me force à soigner mes trajectoires, à utiliser toute la puissance disponible à bon escient, à faire l’aspi aux pilotes plus rapides devant moi, à freiner peu et tard, à ouvrir tôt. Bref à ne pas me reposer sur la puissance de mon moteur pour combler mes carences de pilotage.

Ma Honda CB125N 1987

Ma Honda CB125N 1987 affiche ses nouvelles couleurs

Si vous êtes nés à l’époque des balbutiements de la conquête spatiale et de la télé en noir et blanc (on avait une seule chaîne à l’époque), vous avez obligatoirement appris à conduire sur un cyclomoteur, pour migrer ensuite sur une 125, voire une 250 pour les plus riches. Dans les années 60-70, les 500/650 cm³ étaient considérées comme des grosses cylindrées. C’était avant l’avènement des 750 et des sportives d’un litre.

À l’époque, personne n’aurait considéré passer directement d’un 50 à une 1000. C’était impensable. Nous suivions un processus étapiste, apprenant avec chaque machine que nous découvrions les rudiments du pilotage. Moins de poids et moins de puissance : la recette parfaite pour développer une bonne technique et évoluer en finesse. L’école du pilotage pur.

La plupart des pilotes de vitesse d’alors faisaient leurs armes sur des 50 cm³, des 80 cm³, des 125 cm³ ou des 250 cm³ avant de se battre en Grand Prix sur des 500 c m³ deux-temps vicieuses et surpuissantes. C’était un passage quasi obligé. Une école incomparable. D’autres, comme l’Espagnol Angel Nieto qui a remporté treize titres mondiaux (six en 50 cm³ et sept en 125 cm³) a fait toute sa carrière (20 ans) au guidon de petites cylindrées. Il est aujourd’hui le deuxième pilote le plus titré de l’histoire, derrière le légendaire Giacomo Agostini (15 titres).

Angel Nieto, 13 fois Champion du monde (50 et 125 cc)

Angel Nieto, 13 fois Champion du monde

Dans le même ordre d’idée, si vous suivez les Grands Prix moto, vous conviendrez avec moi que la classe la plus captivante, celle dans laquelle on peut assister à des bagarres épiques en permanence, est le Moto3. Cette catégorie réservée aux monocylindres 4-temps de 250 cm³ permet aux pilotes de faire étalage de tout leur talent.

Aujourd’hui, le retour des petites et moyennes cylindrées sur l’avant-scène se confirme. De nombreuses marques, BMW incluse (on attend la réaction de Ducati et de Triumph), présentent une 300/400 cm³ dans leur gamme. Épiphénomène ou tendance forte marquant un changement de mentalité ? Une modification des modes de consommation ? Toujours est-il que je ne saurais qu’encourager cette mode si c’en est une.

À l'Autodrome Saint-Eustache avec la KTM RC390 Cup de motoplus.ca, en compagnie de PatrickLaurin et sa Yamaha R3

À l’Autodrome Saint-Eustache au guidon de ma KTM RC390 Cup, en compagnie de Patrick Laurin sur sa Yamaha R3

Ainsi, plusieurs de mes amis se sont récemment mis aux petites cylindrées. À commencer par Patrick Laurin, collaborateur régulier de motoplus.ca qui vient d’acheter une Yamaha YZF-R3 2016 ou Franck Kirchhoff, le propriétaire du complexe de sports motorisés Mécaglisse, à Notre-Dame-de-la-Merci qui vient d’acquérir une R3 pour son école de pilotage. Et d’autres y pensent sérieusement. Surtout après avoir essayé ma KTM RC390

Rendez-vous l’année prochaine pour des journées de piste entre amis, sur des 300/400cm³ ? Ça vous tente ? On s’en reparle bientôt !

Avec ma CB125N au circuit Carole, dans le cadre des Iron Bikers 2016

Avec ma CB125N au circuit Carole, dans le cadre des Iron Bikers 2016

Avec la CB125N du DdT Team au circuit Paul Ricard, lors de la Sunday Ride Classic 2016

Avec la CB125N du Dd Moto Team au circuit Paul Ricard, lors de la Sunday Ride Classic 2016

Une réponse à “Mode passagère ou tendance forte ?”

  1. Pierre G.

    1000 % d’accord avec toi !
    Les constructeurs et la presse moto ont trop misé sur la course à l’armement, et ils ont ensemble fini par tuer l’envie des jeunes de rouler à moto.
    Le discours « Moins de 600cc ? Moins de 100 CV ? Ridicule ! » est débile. Trop chères, trop délicates à piloter, trop dangereuses sur route ouverte, ces machines de rêve ne sont pas exploitables à 100% par un pilote moyen.
    Et j’ajoute : mes meilleurs souvenirs de baston avec des potes, c’était en mob ou en 125 !

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