« Éditos

Passé antérieur et mémoire future !

Je voyage sur une moto sans freins et sans phares m’enfonçant dans le noir à tâtons, sans voir plus loin que le bout de mon rêve, déchirant la nuit au son de mon quatre cylindres qui hurle à la Lune, à la recherche d’un pays où déposer mes bagages.

Je suis un vagabond céleste en quête de mémoires vives. Un motard errant qui réinvente son passé à chaque tour de roue, éliminant les déceptions et les chagrins avec la gomme magique de la mémoire, accentuant les bons moments de la vie par un éclairage savamment dirigé, un clair-obscur subtil qui sublime leur relief et leur intensité.

Rien n’est entièrement vrai ni complètement inventé, mais tout est vécu, ressenti, intériorisé. J’ai des tonnes de souvenirs et autant de projets à réaliser. J’en ai tellement que je peux les partager avec vous sans avoir l’impression d’entamer mon capital. Je vis sur les intérêts de mes déplacements.

Vous en voulez? Il suffit de demander! Je vous dessinerai une moto, un pays magnifique et des routes de rêve pour le traverser. Sans oublier un ou deux petits nuages noirs pour pimenter l’aventure. Une ou deux voies sans issue pour faire demi-tour sans donner aux autres l’impression de changer d’idée. Une ou deux rencontres imprévues qui font le charme de la vie nomade. Sans itinéraire. Sans destination. Sans ordre du jour.

Je vous peindrai un tableau magique, d’une beauté intemporelle. Tantôt allègre, tantôt saturnien. Parfois mélancomique. Un portrait à la «Dorian Gray » qui se ridera à votre place pendant que vous parcourrez le monde à la recherche de plaisirs de plus en plus raffinés, d’amis rares et précieux, de nourritures spirituelles.

Si vous préférez, je vous tisserai une utopie cousue de fils blancs ou de fils d’or, à votre choix. Une tapisserie mythologique illustrant un monde meilleur qui recouvrira les murs noircis de votre avenir y effaçant toute trace de misère, de malheur et d’injustice.

La seule chose que j’exigerai de vous c’est de ne jamais faire semblant, de ne jamais vous renier. De donner à celui qui tend la main. D’égayer la journée de celui dont le cœur est triste et sec. D’embrasser celui qui est seul et désespéré. Et qui souffre. À ce prix et à ce prix seulement trouverez-vous la félicité éternelle. Je ne vous demanderais rien en échange. Pas même votre âme. J’aurais bien trop peur qu’elle soit noire et torturée. Qu’elle corrompe la mienne ou celles plus fragiles avec lesquelles elle pourrait entrer en contact.

Pour vous aider dans votre tâche, je vous fournirai une combinaison enchantée, sorte de peau de chagrin rechargeable qui rétrécira chaque fois que vos désirs l’emporteront sur votre compassion, mais qui se régénèrera quand vous commettrez une bonne action. À vous ensuite de gérer vos désirs et vos renoncements afin de ne pas vous retrouver misérable et décrépi à la fin du voyage.

Quand on sème l’amitié et l’amour, on récolte le bonheur et l’immortalité. La route devient un sillon fertile dans lequel fleurit la joie de vivre. Un long ruban noir jais sur lequel le soleil se reflète traçant une ligne dorée continue qui se perd à l’horizon, en route vers l’Eldorado. Le vrai. Celui du cœur.

Je roule vers mon destin, louvoyant voluptueusement sur la route de ma vie. À la rencontre de mes souvenirs… les meilleurs sont ceux qu’on n’a pas encore vécus! Ceux qu’on est en train d’écrire au plus-que-parfait.

16 réponses à “Vagabondages éternels”

  1. Michel

    Wow… Superbe texte ! J’en connais un qui était inspiré lolll . Sans blagues, j’aime beaucoup ta façon d’écrire . Bravo!

    Répondre
  2. Yapud

    j’aime la magie récurrente de tes histoires, la passion qui t’anime et que tu sais si bien partager
    merci Didier

    Répondre
  3. FunkyBear

    Comme toujours, un délice à lire. La poésie en plus 🙂

    Répondre
  4. Anne B

    Waouhhhhh…Je reste sans voix, une fois de plus, tellement pantoise devant tant de poésie !
    Un seul souhait, mais pas des moindres : puisque tu le proposes, je veux bien la combinaison enchantée…
    Non. Je sais ce que tu vas me répondre : relis. Elle est dans mes mots.
    MERCI DIDIER !

    Répondre
    • Didier Constant

      De quelle couleur tu la veux la combinaison Anne? 😉
      Merci pour ces commentaires délicieux…
      Bises

      Répondre
  5. Pierre G.

    Après un texte de Didier Constant, le silence qui suit est encore de Didier Constant.
    Superbe.

    Répondre
  6. Flo

    Je ne trouve pas les mots…. (Normal, tu les as tous pris! 😉
    J’accepte tes exigences, je les applique déjà. J’en ai une seule (en échange! 😉 ) S’il te plait, ne t’arrête pas d’écrire, de vagabonder…. Ton crayon est une baguette magique qui ensoleille nos journées, qui caresse nos âmes.
    MERCI Didier, bisous xxx

    Répondre
    • Didier Constant

      Merci de tes compliments Flo. Ils me vont droit au cœur. Et ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention d’arrêter de voyager ni d’écrire de sitôt. 😉
      Bises xxx

      Répondre
  7. André

    quasiment la larme a l’oeil, encore un superbe texte qui me donne envie de rouler et de rouler encore
    Merci Didier

    Répondre
  8. Georges MELA

    Des souvenirs que l’on rappelle à sa mémoire comme un présent continu qui dure et ne s’efface jamais… Et puis tous ceux non encore vécus, ceux qui restent à inventer mais que l’on vit déjà, à la manière d’un Cocteau « seul les poètes ont la mémoire du futur ».

    Et oui Didier, c’est ça aussi que j’aime sur ton site.

    Répondre

Laisser un commentaire