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To scoot or not to scoot...

…là n’est pas la question!

Les scooters et autres maxiscooters envahissent nos routes depuis quelques années et s’imposent comme une mode avec laquelle il faut compter. Loin de se limiter aux ados, aux femmes et aux urbains en quête de mobilité, les scooters séduisent également certains motocyclistes qui les perçoivent comme une option pratique, confortable et éminemment plaisante à conduire. Ce qui est leur droit après tout.

Selon les prévisions de l’ACEM (Association des constructeurs européens de motocycles), près de 20 millions de scooters circuleront en Europe en 2016, contre 15 millions de motos. Et cette évolution du marché devrait également affecter l’Amérique du Nord, et donc le Canada, à plus long terme. C’est donc dire qu’il ne s’agit pas d’un épiphénomène du développement des deux roues motorisés, mais d’une tendance globale et durable.

Cette réalité est perçue par de nombreux motocyclistes purs et durs comme une menace à la pérennité de leur sport. Pourtant, je ne pense pas qu’il y ait là matière à s’alarmer. Car, dans la majorité des cas — et là je sais qu’il existe des exceptions — les gens qui roulent en scooter le font par choix délibéré et n’achèteraient pas forcément une moto. De plus, la conduite d’un scooter diffère de celle d’une moto. Ce sont deux véhicules complètement différents qui n’ont en commun que le fait d’évoluer sur deux roues. Et on peut aimer piloter les deux, indifféremment, pour les sensations particulières que chacun d’eux procure. Ce qui est mon cas. Je m’amuse autant sur mon antique Vespa PX150 à moteur deux-temps que sur la Honda Varadero de motoplus.ca. Mais pas de la même façon. Ni dans le même environnement.

Personnellement, j’aime mieux voir les gens se déplacer en scooter qu’en auto. Je me sens nettement plus près d’eux que des «caisseux». Et nos préoccupations quotidiennes, les défis auxquels nous faisons face et les brimades que nous subissons sont très similaires. Pratiquer une discrimination à l’égard des scootéristes est aussi dangereux et stupide que de faire une distinction entre les propriétaires de sportives, de customs, de motos double-usage ou de GT. Ça ne fait que nous diviser, nous opposer et ça donne des armes à nos adversaires qui ne se privent pas de les utiliser contre nous.

Dans un éditorial récent, Thierry Traccan, rédacteur en chef de l’hebdomadaire français Moto Revue fustige les scooters qu’il accuse de tous les maux: «Les scooters sont des purs produits raison… Or le deux-roues est avant tout synonyme de passion, de fun, d’exigence peut-être, mais d’une certaine philosophie de la vie. Or un scooter ne nous parlera jamais d’autre chose que de mobilité et de commodité.» Personnellement, je m’inscris en faux contre cette assertion qui émane d’une personne qui, à l’évidence, ne connait pas les scooters et se cantonne dans le lieu commun, le cliché facile. En fait, il s’agit d’une déclaration-choc et de bon ton qui ne vise qu’à flatter ceux qui se prétendent «purs et durs», détenteurs de la vérité universelle en matière de deux-roues. De plus, ce qui me gêne dans ce genre de prise de position c’est qu’elle implique qu’il faille faire un choix entre le scooter et la moto. Aimer l’un et détester l’autre. Comme si c’était une obligation. Une fatalité.

S’il est vrai que les maxiscooters attirent aujourd’hui des clients plus âgés (encore le syndrome anti «baby-boomers»?) «…qui privilégient le confort au sens large, qui cherchent à préserver leur vieux squelette, à soulager leur séant…», je ne vois pas en quoi c’est répréhensible. En vieillissant, l’Homme a tendance à s’embourgeoiser et les motocyclistes ne font pas exception à la règle. D’abord parce que ses moyens lui permettent d’accéder à des luxes qui lui étaient interdits auparavant, mais aussi parce que ses priorités changent. La souffrance et la privation ne sont pas des vertus et ne font pas des motocyclistes qui les pratiquent (ou les subissent) des «surhommes» de facto.

Personnellement, je me promène en deux roues depuis que j’ai 14 ans. En 36 ans d’expérience, j’ai accumulé des millions de kilomètres sur toutes sortes de motos, de scooters et de vélomoteurs. Et j’ai fini par réaliser que n’importe quel deux roues peut s’avérer une étonnante machine à voyager, au sens propre comme au sens figuré, pour peu qu’on s’attarde sur le voyage que l’on est en train de vivre. Les sensations que l’on éprouve. Les découvertes que l’on fait…

Photo : © Denis Vayer/motoplus.ca

5 réponses à “To scoot or not to scoot…”

  1. Ugo

    Difficile de parler pour le reste de la planète, mais j’ai l’impression que le mépris qu’ont plusieurs motocyclistes québécois à l’égard des scooters peut, en partie, s’expliquer de manière fort simple. Qui adore les scooters parce qu’ils leurs permettent d’avoir accès à la liberté? Eh oui, les jeunes (les très jeunes). Les garçons de 14 ans conduisant des scoots comme s’ils étaient encore en bicyclette avec une pipe modifiée hurlant à tout rompre. Ça n’aide pas à dorer une image. Professeur dans une grosse polyvalente, je peux vous dire qu’une proportion non négligeable de nos scooteux sont de vrais petits morveux. Mes quelques balades en scooters dans la dernière année et l’achat d’un BW’s par mon frère de 28 ans m’ont un peu mis en paix avec cet univers parallèle.

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  2. Skabhy

    Le scooter a toujours symbolisé la jeunesse et la liberté, mais avec l’âge il a prit ses lettres de noblesse… et de l’embonpoint. La génération des motocyclistes purs et durs des années 70 ne voulait pas se mélanger avec la plèbe du scoot, pétrolette fumante et pétaradante.
    Depuis quelques années, le scooter c’est « japonisé » et je dois avouer que j’ai pris énormément de plaisir à leur guidon lors d’essais sur route et en milieu urbain. Je ne vois pas beaucoup de défaut à reprocher à ce type de deux roues, mais je reste malgré tout attaché à la moto. Néanmoins, je suis prêt à rouler avec un «scootériste» et à partager le plaisir du deux roues sans ségrégation.

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  3. Marc Ouellet

    Depuis quelques années, je voyage beaucoup en Europe et en Amérique du Sud. J’ai découvert la moto mais aussi le Scooter!

    Quel plaisir! Liberté, facilité à se stationner, économique!

    Je possède une BMW R1200GS Adventure que j’adore mais je me surprend souvent à emprunter la petite Vespa de ma copine et le plaisir est pur et réel.

    Oui, il y a évidemment les jeunes qui conduisent irrespectueusement mais je crois qu’avec le temps, plus les adultes adopteront ce mode de transport, plus les préjugés changerons.

    Et avec le plaisir évident que j’ai à me faufiler à travers les bouchons de circulation Montréalais, je sais que ce n’est qu’une question de temps avant que le tout s’implante ici car une chose est certaine, il ne faut pas compter sur personne pour améliorer notre système routier, du moins, de mon vivant!

    Petite message au gouvernement Québécois: SVP, cessez d’augmenter nos droits d’immatriculation, nous somme une partie importante de la solution à la congestion urbaine et à la diminution des effets de gaz!

    Petit message à la mairie de Montréal: Légiférez pour permettre aux motos et scooters de stationner gratuitement dans les rues. C’est déjà le cas présentement car nous stationnons toujours comme partout ailleurs en Europe, soit en bout de rue ou entre 2 voitures, mais cela encouragerait l’utilisation de ce mode de transport moins encombrant et plus écologique. Toronto l’a compris il y a plusieurs années maintenant, pourquoi pas nous?

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  4. Pierre G

    Salut mon Didier
    Encore une fois tu parles juste.
    Le simple fait de circuler sur deux roues le nez au vent, éventuellement un peu protégé par l’écran d’un intégral, est un plaisir qui ne se détaille pas, avec ou ans moteur.
    Un éditorialiste de Moto Revue vilipende le scoot et son pilote. Petite merde, qu’il prenne un peu de hauteur et il saura, comme toi et moi, que celui qui cherche la pureté est toujours un intégriste, pour rester poli.
    Grosses bises à toi.

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  5. Anonymous

    Salut a tous .Je roule en buell ulysse 2008.mais j’ai donner un coup de main lors des essaies suzuki l’an dernier .j’ai pu essayé les burgman 400 et 600 a partir de cette instant tout les préjugé que j’avais ont tombé .Quel magnifique engin .Si c’était pas de cette orgueil mal placé surement que je roulerais en méga scooter.mon commentaire apres l’essaie du 600 était ( c’est la voiture(moto) la plus comfortable que j’ai pu essayé.)je ne sais pas pourquoi mais ces machines vous font apparaitre un sourire dans le visage qui reste accroché tout le long de la ride.
    merci: BENOIT MILLER

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