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REPORTAGE   INFOS SUPPLÉMENTAIRES

Journées de roulage sur piste (track days) au Québec

Trackfever, l'adresse des passionnés de motos sport
Depuis quatre ans, Trackfever offre aux amateurs de motos sport un cadre pour donner libre cours à leurs envies de vitesse et d'adrénaline. Nous avons participé à une journée de piste avec Trackfever afin de découvrir cette jeune compagnie et ses services…

Texte : Didier Constant — Photos : Pierre Desilets, Stéphane Moisan et Trackfever
 
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Céline, une femme optimiste et passionnée!

Services offerts par Trackfever

En dehors des journées de roulage sur piste, Trackfever organise également des écoles de pilotage. Les cours de niveaux I et II, qui s'adressent aux débutants et aux intermédiaires, sont prodigués par des pilotes amateurs. Le niveau III conçu pour les pilotes expérimentés est donné par des pilotes professionnels, dont Kevin Lacombe, Karl Daigle ou encore Marie-Josée Boucher. Le ratio prof/élèves est de 1 pour 5, quel que soit le niveau. Le tarif est de 150 $ pour le cours de niveau I, 275 $ pour le cours de niveau II et 395 $ pour celui de niveau III.

À la fin des cours, une attestation est remise à chaque participant.  Les cours de niveau II et de niveau III permettent de faire une demande de licence de coureur à Trackfever.  La série ontarienne RACE en Ontario et le Championnat Superbike Parts Canada reconnaissent également cette formation et peuvent émettre une licence de coureur pour leur série respective.

Trackfever organise aussi la Série de course TFR qui comporte cinq épreuves, deux à ICAR, deux à Calabogie et une à Ste-Croix.

Parallèlement, Céline importe les combinaisons et les gants de cuir Wasuru. Ces équipements sont vendus ou loués à la piste à des tarifs très compétitifs (voir le site de Trackfever pour plus d'informations). Elle distribue également les dorsales Knox, principalement le modèle Aegis, et une foule d'autres accessoires (casquettes, t-shirts, polos...).

Pour rejoindre Trackfever

 
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Vue du hangar et de la piste d'ICAR.

ICAR
 

 

 

 
 
 
 
 
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C'est au circuit ICAR que Guy (66) et moi (7) avons découvert Trackfever et participé à
notre première journée de roulage sur piste.

 

Autrefois creuset du talent motocycliste au Canada, le Québec a produit des champions d'exception de la trempe d'Yvon Duhamel, Michel Mercier, Miguel Duhamel et Pascal Picotte. Néanmoins, depuis le début des années 2000, il n'existait plus de structure de formation au Québec, ni de championnat provincial, ni d'organisme dédié aux journées d'essais libres. Avec comme conséquence une désaffection du public et des coureurs, en devenir. C'est alors qu'en 2008, Céline Gignac, une motocycliste passionnée de motos sport, décide de créer Trackfever dans le but de redynamiser ce secteur moribond.

À cette époque, Céline est encore une motocycliste « verte », en matière d'expérience. Elle roule sur route depuis quelques années seulement, mais elle est guidée par une passion que rien ne peut arrêter. Comme le constateront ses détracteurs de la première heure. « Quand j'ai entrepris ce projet, mon but était d'offrir aux motocyclistes un environnement sécuritaire où pratiquer leur sport au Québec, raconte Céline. De les rendre plus compétents tout en leur permettant de s'amuser. Au commencement, je ne pensais pas que Trackfever atteindrait cette ampleur. On a débuté modestement, en organisant quatre track days la première saison, pour arriver à un calendrier beaucoup plus étoffé cette année. En 2011, nous présentons neuf journées d'essais libres, deux journées de cours de pilotage et cinq journées de course. La plupart de ces événements ont lieu à ICAR, mais nous nous déplaçons aussi à Calabogie, en Ontario— une première dans notre histoire — et à Ste-Croix, en banlieue de Québec. »

C'est à ICAR, le 17 juillet dernier que mon collaborateur Guy Parrot et moi-même avons participé à notre première journée de roulage sur piste à vie. Je parle bien entendu d'un événement public, ouvert à tous, pas des séances sur piste auxquelles je prends habituellement part dans le cadre de mon métier et qui sont réservées à un groupe restreint de personnes. J'avais donc une certaine crainte des accidents possibles et hors de mon contrôle. Je redoute par-dessus tout de me faire percuter par l'arrière par un pilote trop optimiste ou pas assez expérimenté… À chacun ses démons!

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Céline, la Dame en noir, dirige la réunion des pilotes, chaque matin d'activité.

Nous sommes arrivés à ICAR de bonne heure, soit vers 6 h 45. Je m'attendais à ce que personne ne soit encore là, mais je me trompais. Céline et son adjointe étaient en poste, à la tente d'accueil. Elles nous ont reçus chaleureusement et nous avons complété notre inscription sur place. Même si nous avions la possibilité de nous inscrire dans le groupe « rouge » (experts), car nous avons quand même une bonne expérience de la piste, Guy et moi avons opté pour le groupe « jaune » (intermédiaires), plus tranquille et moins axé sur la performance. Ce qui ne nous empêchait pas de rouler à notre rythme. Deux autres groupes sont également proposés aux participants, soit « vert » (débutants) et « noir » (coureurs).

Habituellement, plus d'une centaine de pilotes participent aux journées de roulage sur piste de Trackfever. C'était le cas de celle présentée la veille de notre track day. Mais, lors de notre visite, une cinquantaine d'inscrits se sont présentés. Il s'agissait d'une deuxième journée consécutive et parfois, dans ces cas là, la fréquentation baisse le deuxième jour. Toujours est-il que nous n'étions qu'une quinzaine dans notre groupe, au lieu de 35 habituellement, et nous avions la piste pour nous seuls. Déjà, je me sentais plus détendu.

Après les formalités d'usage, il faut se rendre au contrôle technique afin de faire inspecter sa moto et son équipement. Une étape relativement rapide, surtout quand elle est faite de bonne heure le matin, avant que le monde se rue, à la dernière minute, pour ne pas manquer la première séance de la journée. Ensuite, vers 7 h 45, c'est l'inévitable réunion des pilotes où Céline et les officiels vous donnent leurs dernières consignes, expliquent la signification des drapeaux qu'ils utilisent durant la journée et les procédures en vigueur. Même si cette réunion est longue, spécialement pour les habitués, elle constitue une étape importante. Céline en profite au passage pour rappeler à tous qu'ils participent à une journée de roulage sur piste, pas à une course. « Hier, nous avons eu trois accidents à déplorer, dont deux sérieux. Dans chaque cas, ils auraient certainement pû être évités si chacun avait fait preuve de prudence et de retenue. Vous n'avez rien à gagner aujourd'hui. Ni trophée, ni bourse! Vous êtes ici pour vous amuser et passer une bonne journée entre passionnés. Soyez prudents et respectez les autres! »

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Guy et moi en route vers notre première sortie en piste.

La sécurité est un aspect fondamental des journées de roulage sur piste. Une organisation qui la négligerait risquerait de perdre rapidement une bonne partie de sa clientèle — les accidents sont l'une des principales raisons invoquées par les motocyclistes qui ne prennent pas part à des track days, malgré leur intérêt pour ce genre d'activité — sans parler des poursuites possibles auxquelles elle pourrait éventuellement faire face. « La sécurité est la responsabilité du promoteur, pas du propriétaire de la piste, déclare Céline. Et à sa charge aussi. Ça représente un déboursé élevé, mais incontournable. À Calabogie, j'ai dépensé une fortune en balles de foin pour sécuriser certains virages, mais, pour moi, il s'agissait d'une priorité. Pas question de tourner les coins ronds. À Trackfever, nous avons une bonne moyenne au bâton en ce qui a trait aux accidents. Avec près d'une centaine de participants par événement, il faut redoubler de prudence. Et à ce chapitre, les pilotes sont plus responsables au fil des ans. Notre bassin de participants est plus expérimenté aujourd'hui et on le ressent sur la piste. »

Enfin 8 h 30! Le bruit strident de la sirène retentit dans le paddock animé. C'est le signal du début de la journée. Les groupes sortent tour à tour pour des séances de 15 minutes. Les « verts » sont les premiers à s'élancer en piste. Un marshall leur montre le chemin pendant les premiers tours de cette session inaugurale menés à vitesse réduite, avec interdiction de dépasser. Le temps de permettre aux nouveaux de découvrir le circuit et aux autres de se préparer pour une journée menée tambour battant. Ceux qui le désirent peuvent demander à un marshall de les accompagner pendant toute la séance s'ils le désirent. Ces derniers sont faciles à reconnaître. Ils portent un t-shirt rouge aux couleurs de Trackfever par-dessus leur combinaison.

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Le motocycliste portant un maillot rouge est un marshall. Il est là pour surveiller les participants ou leur faire découvrir la piste, s'ils le désirent.

Guy et moi prenons la piste 15 minutes plus tard, au guidon d'une Honda CBR600RR et d'une Suzuki GSX-R750 louées de Moto Nation. Personnellement, je décide de partir en queue de peloton, pour prendre le temps de bien assimiler la piste et adopter un rythme adéquat. Ça me prend toujours au moins deux sessions pour me sentir à l'aise sur un nouveau circuit, et plus pour l'apprendre.

Ma première impression de la piste d'ICAR est mitigée. D'un côté, le tracé n'est pas très technique, ni compliqué à assimiler. De l'autre, la piste est sans relief (même si elle est passablement bosselée). Ce qui rend la sélection de repères visuels délicate. En plus, elle comporte des joints d'expansion entre les dalles de béton, certains situés dans la trajectoire idéale. Mais ce sont les rails qui bordent le tracé qui me préoccupent le plus. J'ai beau me dire qu'il suffit de ne pas les regarder et d'être prudent, je ne parviens pas à en faire abstraction. Pourtant, à Mirabel, ce n'est pas l'espace qui manquait lors de la conception du circuit pour prévoir des zones de dégagement plus larges. Il est évident que la piste, comme beaucoup d'autres, a été dessinée avant tout pour les autos, non pour les motos. Plusieurs pilotes qui roulent régulièrement à ICAR me disent aimer cette piste. Ils y sont habitués au point de ne plus noter les bosses et de ne plus faire attention aux rails... il faudra donc que j'y retourne.

« Pour un promoteur d'événements sur piste, il n'est pas facile de trouver un circuit idéal au Québec, reconnaît Céline. Dans la grande région de Montréal, on a deux pistes : ICAR et l'Autodrome Saint-Eustache, sauf que celui-ci organise ses propres activités. Si on élargit notre rayon d'action, on a le Circuit Mont-Tremblant, à une heure et demie de Montréal, mais c'est T-SBK qui a l'exclusivité des droits pour les activités moto. Les autres pistes, Ste-Croix (Québec), Calabogie (Ottawa) et Saint-Félicien (lac St-Jean) sont situées à plus de 2 heures et demie de la métropole. Objectivement, ICAR est la seule alternative viable. Je travaille fort pour amener les propriétaires à rendre la piste plus sûre, mais ce n'est pas une mince affaire. »

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Quand elle a deux minutes de tranquilité, Céline en profite pour se faire plaisir et aligner quelques tours rapides (on la voit ici en action à Calabogie).

Lors d'une journée Trackfever typique, à ICAR, on peut espérer faire sept sorties dans la journée, selon le nombre de participants et d'interruptions. C'est-à-dire un peu plus d'une heure et demie en piste. Le coût d'un track day est de 175 $ la journée, si on s'inscrit au moins 10 jours à l'avance (200 $ sur place).

Dans notre cas, nous sommes sortis à six occasions. La dernière session a été interrompue en raison d'une sortie de piste sans gravité, mais qui a nécessité l'intervention des marshalls et de la dépanneuse. En ce qui nous concerne, nous en avons eu pour notre argent. Nous étions épuisés en fin de journée. En raison de la fatigue, mais aussi de la chaleur accablante qui régnait sur le circuit. À ce niveau, ICAR est une véritable fournaise. Heureusement, nous pouvions nous abriter sous l'avent de Moto Nation. J'imagine les pilotes assis en plein soleil, à côté de leur véhicule. Ça devait être l'enfer!

Quand on considère le coût d'une telle journée de piste, il faut reconnaître que la dépense reste raisonnable. D'autant que si on y prend part avec sa moto de route, il n'y a pas vraiment d'autre dépense à prévoir, à part l'essence. Une paire de pneus en bon état suffit. Il faut cependant penser à vidanger l'antigel et à le remplacer par de l'eau distillée (obligatoire quel que soit le circuit) et à recouvrir les phares, clignotants et autres pièces en verre de ruban adhésif, en cas de chute. Une combinaison de cuir (une ou deux pièces attachées ensemble), une dorsale, un casque homologué et une bonne paire de bottes et de gants constituent l'équipement obligatoire. La plupart de ces équipements peuvent être loués sur place au besoin.

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Malgré quelques appréhensions en début de journée, Didier s'est détendu au fil
des sorties et s'est finalement beaucoup amusé sur la piste d'ICAR.

« Quand je considère le chemin parcouru ces quatre dernières années, je suis heureuse de la décision que j'ai prise, avoue Céline. Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas un instant. Malgré les embûches et les gens qui ont cherché à m'en dissuader ou qui m'ont mis des bâtons dans les roues. Mon but était de rendre le sport accessible à un grand nombre d'amateurs de sportives afin qu'ils arrêtent de prendre des risques inutiles sur la route. Et, à ce point de vue, je pense avoir réussi au-delà de mes espérances. Je voudrais au passage remercier les dizaines de bénévoles qui m'apportent une aide inestimable. Ils ont cru en mon projet dès son lancement et n'ont pas hésité à mettre la main à la pâte. Sans eux, je n'aurais jamais réussi.»

Et l'an prochain? « Pour 2012, mes objectifs sont sensiblement les mêmes que cette année. J'aimerais peut-être aller plus souvent à Calabogie et organiser quelques événements corporatifs durant la saison. » Quand je vous disais que Céline avait une passion dévorante et des projets plein la tête…


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